Assis sur un coin de mur, près d'un château en ruine, allongé sur la plage, à l'ombre d'un parasol, sur un banc, au bord de l'eau, dans un fauteuil, sur une péniche, sur la terrasse d'un bar, en plein centre-ville. Les lieux, les situations, les moments et les occasions ne manquent pas pour lire un bon livre en été. Qui n'a pas envie de trouver un endroit propice pour une belle lecture de vacances ? Et pourquoi ne pas transmettre aux autres le goût de lire ? Contes et nouvelles, petites histoires, polars, romans, bandes dessinées... Les vacances, c'est aussi « l'été du livre » pour étancher sa soif de culture ! Alors permettez-moi de vous offrir au passage, ces quelques lignes qui ont retenu mon attention, au hasard de mes lectures glanées par-ci, par-là. Peut-être en apprécierez-vous également leur contenu.
L'eau vive
C'était un vieux sage soufi renommé pour son ouverture d'esprit et de cœur. Il vivait retiré dans son ermitage aux portes du désert. Un jour, ses disciples viennent l'interroger « Maître, comment se fait-il qu'il y ait tant et tant de gens qui cherchent aujourd'hui une vie spirituelle ? Et qu'ils ne se rencontrent jamais ...
- C 'est qu'ils pratiquent du tourisme spirituel ! Ils veulent tous trouver I 'eau vive, certes. Et chacun de creuser son propre puits. Mais ils ne creusent pas assez profond. L 'un va creuser à un mètre cinquante dans la voie du soufisme ; puis il s 'arrête. Un autre à deux mètres, dans la voie de Veda, puis s'arrête. Un autre dans la voie chrétienne ; mais il s 'arrête au bout de trois mètres. Un autre commence à creuser son puits dans la voie du Bouddha... et il s 'arrête. Et encore un autre dans la voie de l'Absolu, mais il s 'arrête à quatre mètres...
Comment pourront-ils alors rencontrer la nappe d'eau vive ? Elle est pourtant là, sous leurs pieds, comme nos nappes souterraines dans le désert, prête à étancher toutes les soifs. Mais à cinq mètres de profondeur ! Et ils ne se rencontrent pas parce qu'ils ne la rencontrent pas !
Quand ils creuseront chacun plus profond, allant jusqu'au bout de la voie qui est la leur, du Chemin qu'ils ont choisi — celui du bouddhisme ou celui du christianisme, celui des Veda ou celui du soufisme, ou encore celui de l'Absolu alors ils trouveront tous la même nappe d'eau, la source jaillissante. Une source unique. Et en elle, ils communieront. Tous. »
Qu'est-ce qui empêche alors l'unité entre les religions ? Ne serait-ce pas cette obstination irrépressible à tirer chacun de son côté ?
(Jean Vernette, Claire Moncelon, dans : Paraboles pour le chemin. Presse de la Renaissance).
L'éléphant du Maharadjah.
Un maharadjah fort riche fit venir dans le pays une grosse bête inconnue appelée éléphant. Il convoqua la population pour venir I 'admirer. Seuls les aveugles ne purent participer à la fête. Il les fit donc approcher les uns après les autres pour découvrir ce curieux animal en le touchant. Le premier saisit une patte et dit : « l'éléphant, c'est une colonne ». Le second toucha le ventre et dit : « l'éléphant, c'est un mur ». Le troisième saisit la trompe et conclut qu'il s'agissait d'un tuyau. Et le quatrième en prenant la queue déclara que c'était une corde. Chacun d'entre eux ne s 'était pas trompé et pourtant aucun n 'avait découvert dans sa totalité I’identité de cette grosse bête.
(Extrait d'une revue chrétienne)
La dernière place
L 'enfer était au complet. A I 'extérieur, un grand nombre de personnes faisait encore la queue. Le diable fut obligé de bloquer I'entrée à tous les nouveaux candidats.
« Il ne reste plus qu'une seule place de libre, proclama-t-il, et, logiquement, elle doit revenir au plus grand pécheur. Y a-t-il parmi vous un individu qui soit au moins un assassin multirécidiviste ? » Pour trouver le pire de tous, le diable se mit à examiner les pécheurs I'un après l'autre.
Au bout d'un moment, il vit un personnage auquel il n 'avait, jusqu'alors, pas prêté attention.
« Qu'as-tu fait, toi ? lui demanda-t-il.
- Rien. Je suis un homme bon et je suis là par hasard.
- Tu as certainement fait quelque chose, ricana le diable, tout le monde fait quelque chose !
- Oui, je le sais bien, convient I'homme, mais j'ai toujours gardé mes distances. J'ai vu des hommes en persécuter d'autres sans jamais participer à cette chasse absurde. J'ai vu mourir de faim des petits enfants. Ils étaient vendus comme esclaves. Les plus faibles étaient jetés au rebut comme de simples ordures. J'ai assisté à toutes sortes de perfidies et de duperies. Seul, j'ai résisté aux tentations et je n'ai jamais rien fait !
- Absolument rien ? demanda le diable incrédule. Es-tu sûr d'avoir vu toutes ces atrocités ?
- De mes propres yeux !
- Et tu n'as vraiment rien fait ? répéta le diable.
- Absolument rien ! »
Le diable conclut en ricanant « Entre mon ami, la place est pour toi ! »
(Extrait d'une revue chrétienne)
Il y a des écrits qui ne vous laissent jamais indifférents ou neutres ! C'est pourquoi, j'aime bien lire de temps en temps des livres, des récits qui me remettent en face de moi-même et qui me remettent en cause. Et vous ?
Jean-Louis Barthelmé.